Repu, les sens engourdis. La terre en sourdine. Je déambule dans l'immensité des rues désertes. Chaque pas m'éloigne de la réalité. Il faut dire que pour cette première soirée de l'été, je m'attendais à croiser du monde, écouter des sons et vibrer. Mais, pensif, j'ai dérivé vers des chemins délaissés... "Two roads diverged in a wood, and I— I took the one less traveled by". Les mots de Robert Frost résonnaient dans ma tête, avec la certitude qu'il me fallait prendre le chemin le moins fréquenté. Je m'éloignais... Je ne cherchais plus de réponses, porté par l'évidence de l'instant. "Listen to the dark" me soufflait Emilia. Tant de choses étaient arrivées, en si peu de temps finalement. Mais la magie fut tout à coup troublée par un événement inattendu, (attendu que toute magie ne prend forme qu'au moment même où elle s'anéantit me dis-je)... Néanmoins, je n'en crus pas mes oreilles et je compris que certains instants, tels que la magie et le bonheur, ne se reconnaissaient qu'au bruit qu'ils faisaient en partant… Alors je me remis en route, pèlerin sans dieu, arpenteur sans arpent, vagabond sans retraite, avec pour seul horizon la perspective d'autres demains, du soleil qui se lèvera, du temps qui passera, portant ses promesses. Pour d'autres soirs d'été…
La prochaine fois, venez (plus) nombreux...